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4 principes de durabilité (conditions de victoire)

Avez-vous déjà joué à un jeu sans savoir quel en était le but? Comment gagner? Eh bien pour le développement durable c’est pareil, il faut connaître les règles du jeu, les conditions pour gagner. Échec et mat pour le développement durable.

Les recherches montrent qu’il n’existe que quelques mécanismes clés qui nuisent à notre capacité à survivre et prospérer sur la terre. Ils ont été transcrits en 4 conditions rigoureuses qui définissent la durabilité en principes et qui ont été validées et affinées par la communauté scientifique au cours de 20 dernières années. Il n’y a pas de priorités, elles sont toutes aussi importantes les unes que les autres. Elles sont toutes nécessaires pour être réellement durable et ensemble, suffisantes pour atteindre la durabilité. Comme j’ai déjà expliqué la science dont ces principes sont issus dans des vidéos précédentes, je vais seulement expliquer leur formulation ici.

Le premier dit : dans une société durable, la nature n’est pas soumise à une augmentation systématique de la concentration des substances extraites de la croute terrestre. Un mot important à noter ici est « systématiquement ».

Pensez à votre courrier électronique par exemple. Disons que vous recevez en moyenne 15 courriels par jour et que votre capacité de traitement est de 20. Tout va bien. Mais un jour, un de vos collègues part en congés et vous recevez ses courriels en plus des vôtres. 15 de plus chaque jour pour un total de 30. Votre capacité quotidienne est toujours de 20 donc vous empilez 10 courriels non lus chaque jour qui s’accumulent systématiquement.

Donc le premier principe ne dit pas qu’il ne faut pas utiliser de pétrole, de métaux lourds ou autres substances provenant de l’écorce terrestre. Il dit que pour être réellement durable, nous ne devons pas les extraire et construire notre société de telle sorte qu’elles s’accumulent systématiquement dans la nature (comme vos courriels).

Le second principe dit : dans une société durable, la nature n’est pas soumise à une augmentation systématique des substances produites par la société. Le mot substances ici fait référence aux composés chimiques que la nature n’a jamais vu avant (comme les chlorofluorocarbures que l’on appelle aussi CFC) ou bien qu’elle n’a vu qu’en petites quantités. Cela ne dit pas qu’il ne faut pas créer de substances dans notre société. Cela signifie que pour être réellement durable, nous devons utiliser des substances que la nature peut facilement décomposer (de sorte qu’elles ne s’accumulent pas dans les systèmes naturels) et que nous les produire dans des quantités telles que la nature ne se laisse pas dépasser (comme vous avez votre courrier électronique).

Le troisième principe dit : dans une société durable, la nature n’est pas soumise à une augmentation systématique de sa dégradation par des moyens physiques. Cela concerne la façon dont nous modifions les systèmes naturels comme par exemple l’exploitation des forêts et la pêche. Cela ne dit pas que nous ne pouvons pas couper d’arbres ou utiliser des ressources naturelles. Cela signifie que pour être réellement durables, nous ne devons pas systématiquement détruire la nature plus rapidement qu’elle ne se régénère. Ce serait un peu comme dépenser tout notre capital sur notre compte en banque plutôt que de vivre avec nos revenus annuels. Nous devons utiliser nos ressources naturelles sans dépasser la capacité de la planète à soutenir la vie.

Le quatrième principe concerne l’aspect social de la durabilité. Il dit : dans une société durable, les être humains ne sont pas soumis à des conditions qui diminuent systématiquement leur capacité à pouvoir subvenir à leurs besoins. Cela ne dit pas que nous devons subvenir aux besoins de tout le monde tout le temps. Cela signifie que pour être réellement durables, nous ne devons pas utiliser de processus de fabrication, de fournisseurs et de modèles d’affaire qui créent continuellement des barrières empêchant systématiquement certaines personnes de pouvoir répondre à leurs besoins (comme par exemple l’utilisation dans les téléphones portables de matériaux rares qui sont maintenant devenus si précieux que la guerre civile fait rage au Congo pour en contrôler l’accès). Nous reviendrons plus en détails sur les besoins humains et les aspects sociaux du développement durable dans d’autres vidéos.

Donc voici nos quatre principes de durabilité. Ensemble ils définissent échec et mat pour la durabilité ce qui signifie que si notre produit, notre entreprise ou notre collectivité peut réellement les réaliser, alors nous aurons atteint les conditions minimales pour la durabilité. Avez-vous remarqué qu’ils sont tous formulés à la négative ? La nature « n’est pas », les être humains « ne sont pas ». Comme aux échecs « le roi ne peut pas échapper à la capture ». Ils ne sont pas prescriptifs comme une liste des 3000 choses qu’il faut faire pour être durable. Ces conditions sont les limites. Les règles du jeu. Tant que l’on joue selon les règles, on peut être aussi créatifs qu’on le veut et inventer n’importe quoi. C’est super non ?

Vous avez surement aussi remarqué que la formulation de ces conditions est très précise. Elles ne sont pas conçues pour la communication (je ferai d’autres vidéos pour ça). Elles sont conçues pour être en arrière plan et nous assurer que les décisions que nous prenons et les initiatives que nous mettons en place sont rigoureuses. Un peu comme notre étoile polaire si vous voulez : elles nous aident à savoir où nous sommes et nous indiquent la bonne direction.

Nous verrons dans une prochaine vidéo comment utiliser ces conditions de succès pour gagner au jeu du développement durable. Revenez vite !

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